Né le 10 janvier 1967
Voilà un plasticien qui nous vient droit de son Fribourg natal, privilégié par un père artiste-peintre qui a su lui inculquer la beauté du geste. Doté d’un physique à mi-chemin entre Cary Grant et Clark Gable, ce dernier a voulu conquérir l’Amérique en mettant en boîte, pour commencer, la ville de New-York. Ambition mégalomaniaque ou naïveté suprême ! Ni l’un ; ni l’autre ! Sous ses apparences de beau gosse pour papier glacé, une sensibilité exacerbée bouillonne en son être et il veut nous communiquer tout le ressentit de son univers personnel sur sa vision du monde. Mieux, il souhaite ardemment le façonner pour le simplifier en ramenant tout l’artifice de notre société à l’essentiel. Et c’est ici que ses créations prennent véritablement corps. Brutales mais exprimées avec douceur ; violentes mais dotées d’un regard bienveillant ; fulgurantes mais d’une lenteur programmée. Pour ce faire, il répète à l’infini ses sujets pour mieux nous faire passer son message, aux travers des multiples sérigraphies, peintures ou objets ciselés qui, chacun, à sa propre personnalité adaptée au futur acquéreur. Il n’est pas en reste de partager sa passion et, son âme transmigre par l’œuvre façonnée sans jamais lasser. Il touche le spectateur car il perçoit, sans s’en douter, les milliers de gênes léguées par-delà les générations de ses aïeuls, aux confins de l’Homo Habilis, lequel a déjà suggéré l’essentiel en puisant dans la nature sa substantielle moelle.
François AEBY est vrai, sans concession, prêt à nous proposer un monde meilleur, désencombré de tout l’artifice que nous autres, contemporains, avons bâtis pour mieux nous protéger des agressions extérieures. Il nous fait découvrir l’enveloppe charnel dans sa nudité extrême, par l’utilisation de toutes les techniques naturelles de créativité parfaitement maîtrisées et ce, sans artifice. Un poli-créateur qui renouvelle la tradition à l’image des artistes de la Renaissance, à la fois peintre, architecte, décorateur et écrivain porteurs d’espoir…
Montreux, le 19 mai 2016
Michel Reymondin